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"Un paradis toujours grand ouvert" - Un livre sur le Château de la Pasture et ses propriétaires à Marbaix-la-Tour (1594-2024)
Lundi 10 juin 2024
À la mi-mai est sorti un ouvrage sur l’un des plus beaux édifices de notre Commune, situé à Marbaix-la-Tour, le château de La Pasture. L’occasion pour nous d’en relater l’élaboration. La particularité de ce livre réside dans le fait qu’il a été écrit par Marc Belvaux en totale collaboration avec ses propriétaires actuels ainsi qu’avec l’aide précieuse de Paul-Henry Gendebien qui nous a malheureusement quitté quelques jours avant la parution du livre. Rencontre avec Marc Belvaux, Georges Oldenhove de Guertechin et son épouse Catherine Nève de Mévergnies.
Pourquoi avoir écrit un livre sur le château de La Pasture ?
Marc Belvaux explique : « En 2022, j’ai sorti un livre sur la famille Nève de Mévergnies à la demande de l’association familiale Nève (…). Après la parution de cet ouvrage, nous avons discuté avec Georges au sujet d’un livre sur La Pasture. Il y a moins d’un an, on s’est décidés à y travailler… »
Georges Oldenhove ajoute ensuite : « J ‘ai été très satisfait par l’idée de Marc car je souhaitais absolument garder une trace écrite de l’histoire de ce château. Nous étions conscients qu’il s’agissait d’un challenge, mais aussi de la chance que nous avions eue avec Catherine de rencontrer Marc, qui est un vrai professionnel en la matière. Et aussi l’aide d’un cousin de Catherine, Paul-Henry Gendebien, un ancien député et qui a habité à Marbaix-la-Tour. »
Quels sont les faits les plus importants dans l’histoire de La Pasture ?
Messieurs Belvaux et Oldenhove sont tous deux d’accord pour dire qu’il s’agit de la Première Guerre mondiale. Georges Oldenhove commence : « Il s’agit sans aucun doute de la Première Guerre mondiale et donc de la bataille du 23 août 1914. Celle-ci a été très importante, entre les Français qui venaient du sud et les Allemands, du nord. On en parle peu mais il y a eu plus de 3000 morts ici, sur la plaine et dans le parc de La Pasture. Le château servait d’hôpital militaire, - « tenu par des sœurs », rajouta Marc Belvaux - on y retrouve encore une petite trace de la croix médicale qui se trouvait sur l’entrée, côté ferme. Il y a aussi la tombe du lieutenant Cécile qui est tombé ici, avec ses hommes, et enterré par les Allemands dans le parc du château avant d’être rapatrié à Brive-la-Gaillarde, en région Nouvelle-Aquitaine. »
Le château a-t-il connu différentes rénovations ?
Georges Oldenhove explique : « Il faut savoir que le château a subi beaucoup de transformations au fil des siècles. Les premiers habitants de La Pasture vivaient dans l’ancienne tour, derrière la grange. Elle a été rehaussée par la suite tout en gardant la charpente. La charpente de cette grange a été conservée au cours des siècles jusqu’à l’époque actuelle. »
Marc Belvaux indique ensuite : « La partie basse du château a été construite puis la partie « Louis XV ». Ensuite, le château a été agrandi vers 1863 par Louis Troye – gouverneur du Hainaut. Cette nouvelle partie a perduré un siècle avant d’être détruite. Elle correspond aujourd’hui à la grande terrasse du château. »
Georges Oldenhove précise alors : « À la reprise de La Pasture par mes beaux-parents, ils ont décidé de démolir cette partie construite pour Louis Troye afin de rendre au château ses fondations d’origines. »
Quelle est la première destination du château de La Pasture ?
Marc Belvaux a étudié la généalogie : « Les premiers propriétaires connus étaient des Le Ratz. Ces gens sont maîtres de forge et ils habitent principalement Ham-sur-Heure et Thuin. De la fin du XVIe en 1594 jusqu’à la mort du dernier membre de la famille Le Ratz en 1778, cette famille possédait La Pasture en tant que campagne. Ils n’y habitaient pas en permanence. C’est important de savoir que le château a été vendu pour la dernière fois en 1661 par son propriétaire, Sébastien Mengal, à son gendre Jean Le Ratz, le petit-fils du premier propriétaire Le Ratz, ce qui rendra La Pasture à leur famille. Il s’agit donc de toute une dynastie de Le Ratz, dont le dernier membre n’a pas d’enfant et transmet le château à sa cousine sous-germaine Anne-Marie Le Rond. Depuis, elle n’est plus vendue et se transmet presque toujours par des femmes. »
Quel est le rapport entre La Pasture et Marguerite Yourcenar ?
Marguerite Yourcenar est la première femme élue membre de l’Académie française en 1980 et il s’avère que celle-ci connaissait bien le château de La Pasture…
Marc Belvaux confirme : « Marguerite Yourcenar est la petite-fille de Mathilde Troye et l’arrière-petite-fille de Louis Troye. C’est également la cousine sous-germaine du grand-père de Catherine. »
Georges Oldenhove poursuit : « Elle est venue à La Pasture et trouvait que le cadre était agréable, elle en parle dans « Souvenirs pieux », un de ses ouvrages racontant ses souvenirs de sa famille maternelle. Marguerite a écrit : « La Pasture est un paradis toujours grand ouvert » et nous accordons beaucoup d’importance à cette citation. »
Madame Nève, Monsieur Oldenhove, habitez-vous La Pasture depuis toujours ?
Catherine Nève répond : « Nous avons habité à Tournai pendant 35 ans avant de déménager pour vivre ici avec mon père qui était tout seul. »
Georges Oldenhove ajoute : « Mon épouse était ergothérapeute. Pour ma part, j’étais banquier avant que nous reprenions La Pasture en 2008 et que nous emménagions ici en 2011. »
Madame Nève précise alors : « Ma mère est décédée en 2000 et mon père a souhaité que l’un de ses huit enfants vienne habiter avec lui. J’étais la seule à accepter car le projet des autres était différent. Mes frères et sœurs voulaient emménager ici ensemble, sans y vivre en permanence… Ils souhaitaient diviser le château entre eux et l’utiliser comme une destination de vacances par exemple. Leur projet était difficile et demandait beaucoup d’organisation commune. Nous avons donc fait le choix avec Georges et mon père de venir y habiter complètement, deux ans avant son décès en 2013. »
Était-ce normal pour vous de venir vivre ici ?
Catherine Nève explique : « Il fallait absolument trouver une solution pour La Pasture… Le château n’ayant plus été vendu depuis des siècles nous voulions aussi que l’histoire se répète… »
Quel avenir pour le château de La Pasture ?
Georges Oldenhove nous confie : « Nous n’en savons encore rien… Cela nous tracasse et promet d’être compliqué mais nous trouverons une solution quoiqu’il arrive ! »
Son épouse affirme : « L’important est qu’il reste dans la famille, que cela soit un fils, une fille voire même un cousin. »
Marc Belvaux rassure avec humour : « Le château ne s’est pas toujours transmis de mère ou de père en fille, il y a eu des neveux et des cousins notamment. »
Organisez-vous des visites ? Ou peut-être avez-vous déjà eu l’envie d’en faire un lieu touristique ?
Georges Oldenhove prend la parole : « Dans l’état actuel des choses, on ouvre la grange et la vieille tour à l’occasion des Journées du Patrimoine, mais pour autant que le thème s’y prête. Sinon, nous avons la volonté de ne pas s’isoler du restant de la commune… C’est pourquoi, nous organisons la chasse aux œufs, la marche gourmande qui a lieu chaque année au mois d’avril, nous recevons la Marche Saint-Christophe, nous accueillons également des visiteurs tels que certains clubs de marcheurs ou de vététistes qui souhaiteraient traverser les plaines du château. Encore une fois, nous essayons de respecter au mieux cette citation de Marguerite Yourcenar : « La Pasture est un paradis toujours grand ouvert. »
Le château est-il selon vous, bien connu des habitants de Marbaix-la-Tour ?
Madame Nève répond : « La Pasture est loin d’être inconnue pour les personnes plus âgées qui ont connu mon père, il était très investi dans le village et s’était d’ailleurs présenté sur les listes communales. Mais je pense qu’aujourd’hui les générations et cultures ont changé, il ne reste plus beaucoup de personnes qui sont nées et qui ont grandi dans le village, cela diminue fortement les connaissances du lieu…»
Marc Belvaux complète : « Je pense tout de même que La Pasture est un château bien connu, son histoire en revanche l’est moins. C’est aussi l’une des motivations que nous avions au moment de se lancer dans la rédaction de cet ouvrage. Dans celui-ci, je parle évidemment de la vie des propriétaires mais je vais également plus loin. En effet, il y a beaucoup de choses que les gens ignorent dans l’histoire de ce château… »
Considérez-vous La Pasture comme un joyau, un cadeau ?
Georges Oldenhove s’exprime sur le sujet : « On s’imagine toujours que les châtelains sont des personnes très riches… Je rectifie en disant que cette une immense chance pour nous d’habiter dans un si beau cadre mais qu’il s’agit également d’une très lourde charge… On ne s’en rend pas souvent compte mais lors de journées telles que celle du patrimoine par exemple, les gens me demandent régulièrement combien de personnes travaillent à La Pasture. Lorsque je réponds qu’il n’y a que Catherine et moi, ils n’y croient pas et s’imaginent que nous possédons toute une armée de domestiques… (rires). Nous entretenons tout à deux et c’est une charge aussi bien physique que financière. Nous avons dû refaire tous les toits par exemple… En plus de cela, c’est une grande responsabilité morale qui nous a été confiée lorsque l’on nous a transmis le château. C’est aussi pour cela que nous voulions la parution de ce livre. Chaque propriétaire de La Pasture a apporté sa pierre à l’édifice et c’est à nous de le faire à présent. »
Et à Marc Belvaux de conclure : « J’ai un ami qui est également propriétaire d’un château et celui-ci me dit toujours que posséder un château n’est pas un signe de richesse, mais un signe de dépense ! »
Propos recueillis par Léo Ducarme.
Le livre de Marc Belvaux « Le Château de La Pasture et ses propriétaires à Marbaix-la-Tour (1594-2024) est disponible, sur rendez-vous (0475 / 32 29 36) au domaine de la Pasture à Marbaix-la-Tour.
Il sera également disponible à la vente lors de la présentation de Marc Belvaux dans le cadre des Conférences seniors le mardi 18 juin à 14h30 à la salle Jean Hainaut de Jamioulx.
Dernière mise à jour le Mardi 11 juin 2024 - 14:58